Casus belli !

En ces temps troublés, il arrive que les faits ne collent pas toujours aux commentaires que nous en entendons dans notre entourage. Ce qui génère cette vision fautive provient généralement du commentaire journalistique relayant ce que l’on appelait « propagande » et que les autorités préfèrent maintenant qualifier pudiquement de « relations publiques ». Enfin, peu importe le nom qu’on lui donne, il n’en reste pas moins que ce colportage d’excuses, ayant pour objet de rendre acceptables des actions qui ne mériteraient que d’être condamnées, est repris en masse et contamine l’esprit trop peu critique de nos compatriotes.

Évidemment, ce genre de propagande ne doit pas (en principe) être abusivement utilisée si ses auteurs veulent en maintenir les effets, car trop de mensonges rend le mensonge plus visible et, de ce fait, mine la crédibilité de ceux qui le rapportent. C’est donc tout l’argumentaire d’autorité qui s’en trouve affecté. C’est dans ce juste « dosage » que des médias tels que Radio-Canada (mais le plus souvent issu de l’AFP[1]) nous désinforment sur les événements internationaux. Par contre, depuis le début de l’année 2014, il me semble que le juste « dosage » de mensonges, servant la propagande que le régime d’Ottawa utilise afin de justifier sa politique internationale, semble s’emballer de plus en plus. Non pas que nos despotes au pouvoir aient vraiment amplifié ou changé leurs positionnements sur la scène internationale (ils soutiennent comme de coutume les multinationales et les tyrans). En fait, c’est surtout l’actualité internationale elle-même qui semble se radicaliser et ainsi rendre toujours plus visibles les faussetés que représentent les « valeurs » de l’empire atlantique[2], surtout quand on observe ses comportements dans les affaires internationales.

Sans traiter des implications que génèrent ces « valeurs » occidentales en Ukraine, en Russie, en Syrie, au Venezuela, à Cuba, etc., il va sans dire que les événements qui se trament en ce moment même à Gaza sont à bien des égards simplement surréalistes et risquent de nuire à la si nécessaire crédulité de nos concitoyens. Faire passer l’agresseur pour l’agressé est une tactique bien connue des sionistes (« Israël a le droit de se défendre », que l’on nous rabat tous les jours aux oreilles), mais vient un temps où la propagande, même martelée constamment, ne peut contenir totalement la réalité captée par tout un arsenal de cette technologie maintenant accessible à tous, donc aussi aux braves gens.

Si l’ignorance des faits historiques qui ont mené à la situation actuelle reste encore la meilleure protection des sionistes, il n’en demeure pas moins que même si l’on nous assène des affirmations ayant un caractère en partie véridique[3], les vidéos et les images qui parviennent en masse de Gaza et qui n’ont rien à envier à celles de la Deuxième Guerre mondiale finissent inévitablement par faire douter le bon peuple. Et ce doute salvateur, s’il est accompagné d’un peu de bonne foi et d’une pincée de moralité, devra un jour ou l’autre amener à la conclusion légitime que le meurtre irrésolu et non revendiqué des trois pauvres adolescents israéliens ne donne en aucun cas le droit au régime sanguinaire de Tel-Aviv de massacrer en représailles arbitraires le petit peuple de Gaza. Car oui, il s’agit bien d’un massacre si nous nous en tenons au chiffre des victimes (04/08/14 – plus de 1800 chez les Palestiniens dont 83% de victimes collatérales, contre 64 soldats israéliens et 3 civils[4] [5] [6]).

Malgré l’évidence du constat, encore bien des braves gens sont tentés de relativiser les événements en parlant de responsabilité partagée et esquivent, en restant dans une position de « ni-ni[7] » bien confortable, l’obligation morale de condamner l’État d’Israël. Enfin, c’est surtout le cas ici au Québec, car ailleurs au Canada, aux États-Unis, et particulièrement en France[8], l’on a tendance à interpréter toute critique de l’État d’Israël, même sur ce qu’il a de moins défendable, en un sentiment antisémite refoulé. Qu’il en soit ainsi en Israël, où l’on traumatise de jeunes gens en leur faisant croire que le monde entier est antisémite[9] afin que, par peur, ils soutiennent inconditionnellement leur gouvernement d’extrême droite, c’est une chose. Mais que cela soit pratiquement le cas aussi dans ces pays se targuant d’être des parangons de liberté et de justice, cela révèle un grave problème. Car si nous mettons à l’écart les salauds, les vendus et les sionistes (et je sais que ça fait déjà pas mal de monde), personne ne peut sincèrement soutenir autant de cruauté. En ce qui concerne plus spécifiquement la France, nous constatons que la propagande sioniste est de plus en plus grotesque et à ce titre de plus en plus terrifiante. Ce qui fait que toute personne prenant la « liberté » d’affirmer que de bombarder tout un peuple en représailles d’un triple meurtre dont les coupables ne sont pas encore connus (dois-je le répéter) est potentiellement un crime contre l’humanité[10] se verra inévitablement traiter d’antisémite (même si la critique provient des juifs eux-mêmes). Et à l’inverse, aucun discours sioniste aussi raciste et/ou d’extrême droite soit-il ne sera jamais inquiété par des critiques trop virulentes de la part des grands médias. Médias pourtant toujours à la recherche de scandales imputables à l’extrême droite quand celle-ci n’est pas sioniste!

Cette situation d’impunité sioniste est tout particulièrement soulevée par le cas d’un groupuscule très actif en France nommé la Ligue de défense juive (LDJ), groupe à l’existence officieuse, qui ne se prive jamais depropos des plus radicaux et d’actes criminels de grande gravité. Étrangement, pratiquement toutes les personnalités politiques françaises ne voient pas le moindre problème à ce qu’un groupe jugé terroriste auxÉtats-Unis et en Israël ait pignon sur rue et s’amuse à tabasser des gens qui commettent l’inacceptable crime de dire leur opinion, tout en feignant bien sûr de se « défendre ». Mais les militants de la LDJ, comme les militaires d’Israël, n’ont-ils pas le droit de défendre les juifs ?! Eh bien, pour se défendre, il faut au préalable se faire attaquer réellement. Autrement, c’est ce que l’on appelle une attaque ou une « guerre préventive » et ce type d’initiative n’est rien d’autre qu’une agression agrémentée de soi-disant bonnes intentions. Cette technique est pourtant bien connue et les divers mouvements pacifistes dénoncent ces pratiques hypocrites depuis déjà bien longtemps, mais en ce qui a trait au sionisme (en tant que chauvinisme exacerbé) et son influence totalement disproportionnée dans les divers États occidentaux, là il n’y a qu’un argument : antisémite! Et comme de raison, ceux qui par moralité post-chrétienne ou par esprit rationnel de justice subissent cet anathème très lourd de signification seront bien sûr fort affectés. Ceci justement par moralité et esprit de justice. En ce sens, il serait peut-être sage de rappeler à ces inquisiteurs à la petite semaine le petit conte pour enfants « Le garçon qui criait au loup », car à force d’abuser de cette accusation, qui revient à traiter la personne qui s’indigne des exactions d’un État de nazi, cela pourrait bien se retourner contre eux un jour ou l’autre alors que plus personne n’écoutera et ne s’inquiètera du véritable antisémitisme.

Bref, de notre côté de l’océan, nous ne sommes pas encore au même niveau de tyrannie que ce que vivent nos amis français en terme de terrorisme intellectuel. Mais le monde allant où il va, le jour où les Québécois devaient se faire envoyer les gros bras de la LDJ canadienne, afin que les sionistes puissent « protéger » les juifs en danger par autant de solidarité en provenance de la base du peuple[11], devait à coup sûr arriver. C’est donc avec une grande fierté que Meir Weinstein, le directeur de la LDJ canadienne, nous annonçait qu’ils veulent donner « plus de force pour faire face à ces organisations et individus qui présentent une menace pour (leurs) communautés », car bien sûr il « reçoit beaucoup d’appels de Montréal (lui) indiquant qu’il y a une augmentation de l’antisémitisme »[12]. Sachant que ce qu’il appelle « antisémitisme » est bien souvent ce que nous appelons solidarité et esprit critique, il est certain qu’ils ont du pain sur la planche. C’est donc dans un lieu tenu secret que cette sympathique bande de trublions s’est rencontrée afin de préparer l’élimination (shutdown) des organisations qui soutiendraient un peu trop le Hamas, le Hezbollah et l’Iran au Québec (sympathique projet!), même s’il s’agit plutôt de soutien au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et non pas un soutien à ces groupes. Il est donc tout à craindre que des situations ressemblant beaucoup à ce qui se passe en France, et qui ne va pas sans rappeler les squadristi d’une autre époque,deviennent monnaies courantes aussi chez nous.

En conclusion, nous sommes de nos jours en présence d’une situation fort étrange. Parce que de braves gens se mobilisent afin de dénoncer une agression militaire complètement disproportionnée, les propagandistes sionistes du Québec, en plus du gouvernement canadien et des gorilles de la LDJ, se font les hérauts d’une guerre contre cet « antisémitisme génocidaire (…) du Hamas », « qui cherche à faire le plus grand nombre de victimes palestiniennes en utilisant ses femmes, ses adolescents et ses enfants comme boucliers humains pour en faire des martyrs ». Comme quoi, nous, pauvres fous, soutiendrions des antisémites génocidaires qui au final ne serait génocidaires qu’envers la population qui les soutient. Simplement parce qu’ils sont incapables de protéger (comment? avec quoi?) le territoire le plus densément peuplé du monde de bombardements massifs amorcés pour un triple meurtre non revendiqué?! Ouf… voilà très exactement le genre de commentaire d’actualité qui ne colle absolument pas à la réalité empirique, si je puis dire.

C’est à force de prétendre de telles grossièretés que tous finiront un jour par voir le vrai visage de ceux qui se targuent de combattre la « haine ». En ce jour, tous ces défenseurs inconditionnels de l’État d’Israël engendreront sans aucun doute leur propre casus belli qui, sait-on jamais, pourra peut-être permettre l’avènement d’une Palestine libre et indépendante.

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[1]L’Agence France-Presse (AFP)

[2]Essentiellement, tous les pays membres de l’OTAN et principalement les régimes au pouvoir aux États-Unis, au Canada, en Angleterre et en Israël.

[3]Par exemple que le Hamas soit composé d’islamistes radicaux, qu’ils tirent des roquettes sur le territoire israélien, qu’ils attaquent via des bâtiments civils, etc. Même si en réalité, tous ces faits ont une origine conjoncturelle que les sionistes ont eux-mêmes mise en place.

[4]http://www.leparisien.fr/international/en-direct-gaza-israel-annonce-une-treve-de-7-heures-04-08-2014-4045789.php

[5]http://www.huffpostmaghreb.com/2014/08/04/treve-gaza-morts-bilan_n_5646630.html?utm_hp_ref=maghreb

[6]http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/international/2014/08/04/003-bande-gaza-israel-debut-treve-humanitaire.shtml

[7]Ne pas prendre parti, car les deux camps ont des torts partagés et équivalents.

[8]Où les manifestations de solidarité avec les malheurs de Gaza sont carrément interdites !

[9]Je vous suggère de regarder le documentaire Defamation de Yoav Shamir pour en voir l’importance.

[10]Imaginé un instant si la crise d’octobre avait été suivie des bombardements massifs de la part d’Ottawa sur Montréal et Québec, ce que nous en penserions!

[11]Les élites sont pratiquement tous sionistes, autant les fédéralistes que les autonomistes du PQ.

[12]http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/414516/titre

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